Il l peut arriver que la lecture d’un ouvrage me convienne mieux par le sous-titre plutôt que par son titre. C’est le cas ici. Peut-être est-ce mon cerveau qui a lentement ramolli à l’insu de mon plein gré.
J’ai déniché pour vous ce que je vois comme un superbe ouvrage illustré et porté à la connaissance humaine ! Aujourd’hui, je vous présente le livre que j’évoquais dans le précédent article. C’est au sein de ses pages que mes yeux s’arrêtèrent sur l’étonnante bribe mettant en scène la boisson inventoriée par Victor Hugo, c’est-à-dire son punch favori.

Je ne m’y arrête pas davantage, car non seulement expliqué précédemment, également argumenté par une lecture donnant suite à une petite réalisation maison. Soit dit en passant, j’ai rarement lu une aussi précise « mise en bouche » lorsqu’il s’agit, d’une façon aussi originale qu’inattendue, de se préparer un punch.
Hier, je suis allé raconter à mon jardin ladite histoire, en marquant quelques arrêts sur les images, de ci, de là, pour des pensées différentes. Je ne parle pas ici des œuvres qui servirent à orchestrer les épreuves du Bac de français sous l’année 2024. À l’origine du livre, à la table de l’Histoire, l’intelligence artificielle nous ramène, une fois encore, à l’éternelle question du bon usage du progrès : ce que fut la cuisine d’avant et quelle contribution apporta celle-ci en termes de pratiques culinaires via notre époque, l’héritage desdites pratiques culinaires et de ses recettes, « perdues » souvent / ou pas, du registre très ancien, des traditions notamment.
Aujourd’hui, le voici donc et, après une lecture passionnante exercée parmi les 132 pages reliées, à vous décrire ce que j’en ai perçu. Il me faut vous dire d’abord qu’il s’agit d’une belle qualité d’écriture, autant que celle de remarquables illustrations. Tout ceci s’ouvre sur un édito, puis vient s’articuler autour de la lettre de l’éditeur, de cartes géolocalisées en analogie aux sujets traités. L’un de ces ouvrages que j’apprécie de tenir entre les mains, pour la richesse de son contenu, lecture distribuée par de non moins passionnantes anecdotes et de sympathiques recettes à faire chez soi, comme stipulé en première de couverture.

Lire, c’est voyager, et ici, les destinations plus ou moins lointaines ne manquent pas, sollicitent notre curiosité livresque. J’ai beaucoup apprécié, de la première à la dernière page, de faire ce rêve éveillé menant aux destinations les plus lointaines. Notamment en suivant les principales routes du trafic des épices, l’amphore tel ventre de l’histoire, mes regards croisés sur les planches de l’inventaire épicé.
Résumé
Pendant des siècles, du début du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle, les hommes se sont entretués sur les cinq continents pour des poudres et des herbes qui se vendaient à prix d’or dans toutes les cours européennes et asiatiques. Toute une période de l’Histoire où ce commerce était synonyme de guerre et d’esclavage. Inventaire. Et aussi, l’orgie romaine des Borgias, le livre de recettes d’Helmut Kohl, l’énigme de la mort d’Alexandre le Grand, en week-end chez Rabelais…

Extraits par images
Cet essai accompagne une nouvelle section de Gargantua, censée nous transmettre l’envie de réaliser des recettes de cuisine rassemblées au sein de l’ouvrage. En adaptant aux besoins celles-ci aux goûts et aux produits d’aujourd’hui, car certaines sont vraiment très anciennes. Par contre, en œuvrant avec prudence, attendu que guère d’informations quant aux proportions nous sont livrées. Sous un intitulé semblable, je remarque qu’il s’agit en fait d’une succession de numéros que l’on peut se procurer par abonnement.
Saviez-vous que « Le piment introduit par les Jésuites eut un succès fou »
Et pourquoi si peu de géographes se sont-ils intéressés à la gastronomie en général et aux épices en particulier ?

Même si vous adorez cela, ne vous avisez pas de manger plus d’une noix de muscade à la fois… La myristicine, composé chimique phénylpropanoïde contenu dans la noix de muscade, est un psychotrope puissant, aux effets proches de ceux des amphétamines. Malgré les conseils des thaumaturges, la muscade fut souvent utilisée comme drogue.
Notamment par les galériens de la Renaissance. Cette substance dopante anesthésiait leurs douleurs physiques. Une fois cueillie, chaque noix exportée était stérilisée dans de la chaux. Plus proche de notre époque, que les amateurs du gratin dauphinois se rassurent : aux doses employées en cuisine, les effets de la myristicine sont totalement imperceptibles.
Et alors que l’odyssée du Galion de Manille, s’il rapporta les épices d’Europe, ne se fit pas sans un karma lourd à payer, en terme de vies humaines. Dans son livre « L’espagnol de Malte’, Yves Rouvière nous raconte la première étape de ce périple, la plus terrible : la traversée de l’Océan Pacifique de Manille à Acapulco.
C’est vrai que l’histoire suivie au cœur de cet ouvrage est absolument passionnante. Celle mettant en exergue l’invitation au voyage à proprement parler, celle décrivant la genèse du voyage, et comment est parvenue jusqu’à nous la subliminale épopée des épices. D’ailleurs, que seraient, sans elles, nos préparations culinaires, sans ce merveilleux héritage ?
Alors oui, on s’essaie parfois à la culture à même nos potagers – par exemple le piment et d’autres espèces comme celui-ci, pas très difficile à cultiver… C’est déjà cela !


Je n’ai pas sélectionné cette page au hasard. Elle cite notamment Alfred de Musset, le poète dramaturge de l’époque romantique qui fut le compagnon de George Sand.
Ma perception & avis
Souligné quelques lignes plus haut, l’ouvrage est passionnant à plus d’un titre : Rêverie lointaine, poésie, illustrations romanesques, argumentées ô combien au gré de chaque détail, histoires et historiettes bien documentées, tout ceci m’a vraiment séduite, un après-midi d’avril si beau, pour une lecture depuis mon jardin. J’ai le plaisir d’accueillir une foultitude de contrées, tout en les parcourant aux heures berrichonnes. C’était hier et je ne peux m’empêcher cependant de revenir à des perceptions intenses quant à ma lecture. Il faut dire qu’au moment où je rédigeais l’article pour vous le partager, alors que je ne connaissais pas cette série d’essais, au terme de ma plongée dans ce cadre gourmet, voire même idyllique parfois, j’ai eu un franc coup de cœur : pas tant pour les recettes que pour l’humanisme, la vivante Histoire en appelant d’autres, si je puis le décrire ainsi.
À destination de personnes assez exploratrices, ainsi qu’à celles dont la nature profonde est l’ouverture à d’autres courants de pensée. Au gré des pages, nous évoluons également vers des rencontres, des interviews de personnages très différents les uns des autres, qui chaque fois dépeignent leurs attraits en livrant leurs « autrefois ». Par exemple, on parcourt un chapitre dédié à la grande bouffe du RAP, un autre sur Pierre Poivre, ou bien l’interview d’un grand géographe gastronome, Jean-Robert Pitte.
Vous l’aurez compris, j’ai vraiment apprécié la lecture de cet ouvrage qui nous fait voyager par delà les lointains, en termes d’épices et de leur genèse.
COLLECTION GARGANTUA – N° 3
Edition : La vie du Rail / 25/01/2024
La guerre mondiale des épices.
132 pages

Bonjour Muriel,
Merci pour tes partages que j’aime bien, qui sortent un peu des livres entièrement sur des recettes.
Passe un beau dimanche au beau temps du Berry.
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Merci Jean-Louis, c’est gentil ;)
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Joli, ce 📖. !
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Coucou !
C’est un livre, enfin à mon avis, qu’il vaut mieux ne pas mettre sur la table cuisine pour préparer une recette, crainte de le salir. Tu le dits d’ailleurs être de collection et il ne me semble pas si pratique. C’est encore dans l’une de tes jolies vitrines séjour qu’il a toute sa place, Muriel, avec ceux de George Sand!
Ps : on monte rando cet après-midi avec Balthazar, le routeux, , qui nous attendent à Lignières et on
t’embrasse tous !
Bises, amitié et excellent dimanche.
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Super sympa ce partage, mais pas trop pratique come modèle de livre de cuisine à mettre tout en faisant des recettes.
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Merci clarisse ;)
De belles histoires se racontent aussi, pour ma part, j’aime.
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Merci Muriel pour cette proposition de lecture.
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C’est un plaisir ;)
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Merci Muriel, pour la suggestion de lecture. Les illustrations en effet sont jolies et ce livre, est intéressant.
Bonne journée, amie!
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Merci Clotilde, j’en publierais d’autres, à l’envie ;)
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